En parler ne fait pas mourir, en parler peut sauver.

Autour du suicide, de nombreuses idées reçues circulent et nuisent à la compréhension de la souffrance psychique. Ces préjugés renforcent la stigmatisation des personnes en détresse, freinent leur demande d’aide et rendent plus difficile leur accompagnement. Or, mieux comprendre ce qu’est réellement le suicide, c’est déjà un pas vers la prévention.

 

Démêler le vrai du faux : idées reçues sur le suicide

« La personne qui en parle ne se suicidera pas. »
❌ Faux. Environ 80 % des personnes décédées par suicide ont exprimé, de manière directe ou indirecte, des signes de mal-être ou ont parlé de leur intention avant de passer à l’acte. Prendre ces signaux au sérieux est essentiel pour pouvoir intervenir à temps.

« Elle n’a pris qu’une plaquette de somnifères, c’est du cinéma. »
❌ Faux. La gravité d’un geste suicidaire ne se mesure pas à la violence apparente de l’acte. Même une tentative qui semble « modérée » traduit une détresse profonde et ne doit jamais être minimisée. Toute tentative de suicide est un signal d’alerte à ne pas ignorer.

« Le suicide est une maladie. »
❌ Faux. Le suicide n’est pas une maladie en soi. Il peut être la conséquence d’un mal-être intense, parfois lié à des troubles psychiques (comme la dépression), mais il reflète avant tout une souffrance devenue insupportable.

« Se suicider, c’est lâche ou courageux. »
❌ Faux. Ces notions sont des jugements personnels qui ne reflètent en rien la réalité de la souffrance vécue. Parler de lâcheté ou de courage empêche de comprendre et d’aider la personne qui souffre.

« Le suicide est un choix personnel à respecter. »
❌ Faux. Le suicide n’est pas un choix libre et éclairé, mais souvent un acte désespéré face à une douleur psychologique intense. La personne ne cherche pas à mourir, mais à échapper à sa souffrance. Respecter sa douleur, c’est surtout chercher à la soulager.

« Le suicide est héréditaire. »
❌ Faux. Il n’existe pas de « gène du suicide ». En revanche, lorsqu’un suicide survient dans une famille, cela peut augmenter le risque pour les proches, car l’idée du suicide peut apparaître comme un « modèle » possible face aux difficultés. D’où l’importance d’un accompagnement familial adapté.

 « Parler de suicide à quelqu’un qui va mal, c’est lui donner de mauvaises idées. »
❌ Faux. Parler ouvertement du suicide ne provoque pas le passage à l’acte. Au contraire, cela peut permettre à la personne de mettre des mots sur sa souffrance, de se sentir écoutée et reconnue, et ainsi faciliter sa demande d’aide.

 

Pour une meilleure prévention : écoutons sans juger

Prendre conscience de ces préjugés permet de rompre l’isolement que vivent les personnes en détresse suicidaire. Cela contribue à un meilleur accueil, une écoute bienveillante et une prise en charge adaptée.

En parler sauve des vies. La prévention commence par l’information, la compréhension et l’engagement de tous.

Comment écouter, que répondre ?

Qu’un mal-être soit exprimé ou à peine perceptible, chaque signe compte. Le reconnaître et mettre des mots, c’est déjà créer un lien :

  • « Tu sembles traverser quelque chose de difficile »
  • « Je m’inquiète pour toi »

Écouter ensuite sans juger, c’est offrir un espace où la personne peut se sentir entendue, moins seule. Si elle évoque des idées suicidaires, voici comment agir :

  1. Reconnaître la souffrance: Exprimez votre attention sans minimiser : « je me rends compte que tu traverses des moments difficiles… que tu crois que tu n’arriveras pas à…, que tu te sens…., que tu penses au suicide ».
  2. Rester authentique : Ne pas s’engager au-delà de ses possibilités, ni se sentir responsable de la vie de l’autre. Si ce que l’autre vous confie vous perturbe, vous pouvez lui répondre : « On veut t’aider, mais on se sent un peu dépassé. Trouvons ensemble des personnes qui peuvent t’accompagner ».
  3. Ne pas rester seul : Ni celui qui souffre, ni celui qui écoute. Ceci signifie que vous allez en référer à d’autres : « Prenons le temps de parler à d’autres personnes de ce que tu vis. A plusieurs, on a plus de ressources. Contactons ensemble Un pass dans l’impasse ».

La prévention du suicide commence par la relation humaine. Se montrer présent, sans se substituer à un professionnel et en respectant ses limites, peut permettre à l’autre de sortir de son enfermement et de retrouver espoir.

Pour en savoir plus sur ces démarches et notre soutien, consultez notre brochure: « Vous avez dit suicide ».