Un pass dans l’impasse et la famille Tasiaux lancent un appel à la mobilisation artistique
L’association Un pass dans l’impasse tire la sonnette d’alarme : le suicide est la première cause de mortalité chez les 10-54 ans en Belgique. Dans un élan de sensibilisation inédit, Un pass dans l’impasse, aux côtés des parents de Lucie (12 ans) endeuillés, lance un appel à la création artistique pour briser le tabou, éveiller les consciences et ouvrir le dialogue. Parce qu’en parler, c’est déjà agir !
À l’aube de la Journée mondiale de prévention du suicide (10/09), l’association Un pass dans l’impasse, active en Wallonie et à Bruxelles en prévention du suicide, dévoile de nouveaux chiffres glaçants*. Le suicide est aujourd’hui la première cause de mortalité chez les 10-54 ans en Belgique. Chaque jour, cinq personnes mettent fin à leurs jours.
Chez les jeunes, le constat est encore plus alarmant : deux jeunes entre 10 et 24 ans se suicident chaque semaine. Les tentatives de suicide sont 15 à 20 fois plus nombreuses.
Un mal silencieux, encore largement méconnu
« Beaucoup de gens pensent encore que les accidents de la route ou les cancers sont les principales causes de décès dans notre pays. C’est totalement faux. Et cette méconnaissance contribue à rendre le suicide invisible », déclare Thomas Thirion, Administrateur Délégué d’Un pass dans l’impasse.
Lors d’un événement récemment organisé par Un pass dans l’impasse, réunissant 225 jeunes de 14 à 18 ans, 57 % ont déclaré avoir déjà eu des idées suicidaires, et plus de 70 % ont été témoins de la détresse d’un proche.
Chez les adultes, la réalité reste préoccupante mais moins marquée : une enquête menée par l’association en 2024 révèle qu’un Wallon ou Bruxellois sur trois a déjà traversé des idées noires et plus de 50 % sont venus en aide à un proche suicidaire.
Une comparaison qui souligne l’ampleur du mal-être chez les jeunes. Des chiffres alarmants qui témoignent de l’urgence d’agir collectivement !
Un projet artistique pour briser le silence
Face à ce constat, Un pass dans l’impasse, Nadège Bodart et Jean-Louis Tasiaux, parents de Lucie (12 ans) décédée par suicide, lancent un appel vibrant à la création artistique à destination des jeunes artistes, des écoles, des associations et groupes de jeunes.
Objectif : concevoir une œuvre artistique forte, inclusive et percutante, abordant les thématiques du suicide, de sa prévention et du deuil.
Notre fille de 12 ans n’a pas pu exprimer son mal-être. Par pudeur ? Parce qu’elle pensait que c’était inutile d’en parler ? Par honte ? Parce que nous n’étions pas aptes à comprendre ? Lucie s’est pendue sans que nous n’ayons rien vu venir… Notre dramatique expérience démontre que les jeunes ont souvent du mal à verbaliser leurs idées noires et que la société n’est pas prête à entendre cette détresse », expliquent Nadège Bodart et Jean-Louis Tasiaux. « Ce sujet est tellement tabou qu’il faut un concept fort pour éveiller les consciences. Un projet artistique comme celui-ci peut aider les jeunes à s’exprimer. L’art, c’est la parole au-delà des mots. Merci à vous et à Un pass dans l’impasse de prendre part à ce projet.
Un appel à la créativité et à la solidarité
Concrètement, cet appel s’adresse aux jeunes artistes, écoles d’art, filières techniques, créatives et artisanales (design, soudure, sculpture, verrerie, graphisme…), ainsi qu’à tous les groupes et associations de jeunes (Maisons de jeunes, ateliers…) en Wallonie et à Bruxelles.
L’œuvre créée devra :
- Sensibiliser sans choquer
- Libérer la parole
- Éveiller les consciences
- Encourager l’action solidaire
Elle sera exposée dans l’espace public, dans une grande ville wallonne, pendant plusieurs semaines, avant d’entamer une tournée itinérante à travers le pays afin de toucher un public large et faire circuler le message de prévention sur tout le territoire.
Un Cahier des charges sera transmis aux groupes intéressés. Les candidatures devront être remises au plus tard le 30 novembre 2025.
Un enjeu de santé publique, une réponse collective
Ce projet est l’histoire d’une rencontre : une association engagée, des parents touchés en plein cœur, et des jeunes artistes ou artisans en devenir, prêts à faire entendre une voix différente.
C’est un projet à la croisée de l’art, de la mémoire et de la prévention. Il propose une réponse collective à une urgence sociétale majeure. Il invite chacun – artistes, étudiants, enseignants, citoyens – à s’engager dans un combat trop souvent relégué dans l’ombre.
« En parler, c’est sauver des vies ! Mais pour cela, il faut aussi inventer de nouveaux moyens. L’art peut être ce déclencheur : il rend visible l’invisible, il touche, il bouscule, il éveille, il donne l’envie d’agir », poursuit Thomas Thirion. « Ce que nous souhaitons, c’est créer un électrochoc doux mais puissant. Nous croyons que la mobilisation citoyenne, et l’art en particulier, peuvent devenir un vecteur de prévention universel. Parce que derrière chaque chiffre, il y a une vie, une histoire, une famille ».